Page:Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs.djvu/63

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qu’il habite en fournit une preuve(8). En 1689 on ne comptoit en Alsace que cinq cent quatre-vingt-sept familles juives ; en 1716 il y en avoit treize cent quarante-huit, & en 1761 le nombre étoit de trois mille quarante-cinq(9). Supposons (& l’hypothese est forte) que dans ce laps de temps quatre cents familles nouvelles y ayent été attirées par la douceur du Gouvernement françois ou par l’avarice des Seigneurs qui pouvoient admettre les Juifs étrangers avant les Lettres-patentes de 1784, & à qui les Juifs admis payent encore droit de protection : déduction faite des nouveaux venus, on trouve encore une multiplication quadruplée dans le cours de soixante-douze ans, tandis que M. Moheau trouve à peine un neuvieme d’augmentation sur la population françoise dans la révolution de soixante-quatorze ans(10). On remarque également ailleurs cette multiplication prodigieuse du peuple Juif, c’est une vérité dont il faut développer la cause.

Nous n’irons pas avec quelques auteurs la chercher dans la permission du divorce & de la polygamie. Le divorce est rare chez eux ; il est soumis à des formalités longues qui amenent souvent le repentir. La polygamie n’a plus lieu, excepté peut-être dans quelques coins de l’Orient, & l’effet résultant de cette double liberté est trop foible pour entrer en ligne de compte.