Page:Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs.djvu/67

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& au besoin de se défendre. C’est peut-être faute de s’entendre qu’on a tant disputé sur cette matiere. On m’accordera sans doute que la prospérité d’un État se compose de celle de ses membres ; d’où je pourrois conclure qu’un Royaume, dont les citoyens auroient nécessaire & superflu, seroit un état florissant, n’eût-il qu’une population très-bornée. Il faut cependant convenir que, dans l’état actuel des choses humaines, rien ne garantiroit la stabilité de ce bonheur ; il suffiroit pour le troubler, qu’un Monarque voisin, tourmenté par la démangeaison de la vanité, ou par la rage des conquêtes, envoyât contre un peuple paisible des armées formidables auxquelles on ne pourroit opposer que des forces inégales ; le carnage termineroit les maux d’une partie de cette nation, & l’autre seroit contrainte de recevoir des fers. Tant que les hommes seront altérés de sang, ou plutôt, tant que la plupart des Gouvernemens n’auront pas de morale, que la politique fera l’art de fourber, que les peuples, méconnoissant leurs vrais intérêts, attacheront une sotte importance au métier de Spadassin, & se laisseront conduire aveuglément à la boucherie avec une résignation moutonniere, presque toujours pour servir de piedestal à la vanité, presque jamais pour venger les droits de l’humanité,