Page:Estève - Leconte de Lisle, Boivin.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

46
LECONTE DE LISLE


Pardon ! J’ai loin de vous égaré mon destin !
Pourtant je vous aimais, ô brumes diaphanes
Feuillages nonchalants que perlait le matin,
Et vous, ô mes ravins, et vous, ô mes lianes


Enfin il allait les revoir. Au mois de septembre 1843, il rentrait dans la maison des Hauts de Saint-Paul. C’était vraiment le retour de l’enfant prodigue. Il fut accueilli comme tel, à bras ouverts, bien qu’il ne rapportât pas le précieux talisman, le diplôme de licencié en droit qui lui aurait ouvert tout grand l’accès de la magistrature. On ne l’en considérait pas moins chez lui, si nous en croyons une lettre de son frère Alfred à l’ami Adamolle, comme « hautement placé quant à la littérature », pourvu d’idées « de haute philosophie » et « de principes irréprochables ». Avec cela on devait faire son chemin dans l’île ; et sa famille, envahie d’un optimisme bien naturel en pareille circonstance, estimait sans doute comme lui, mais pour d’autres raisons, que pendant ce long séjour à Rennes, s’il n’avait pas conquis le grade désiré, après tout il n’avait pas perdu son temps.