Page:Estéoule - Le plymouthisme d’autrefois et le darbysme d’aujourd'hui.djvu/27

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si ce n’est à Bristol dont nous aurons à parler plus loin. Cette réunion était donc comme un grand arbre à l’ombre duquel des chrétiens de différents endroits venaient de temps en temps chercher du repos. Aussi, le nom de « Frères Plymouthiens » (c’est là l’épithète dont on couvre aujourd’hui encore les chrétiens qui ont à peu près les mêmes principes) eut du retentissement en Angleterre, en France et en Suisse. On l’entendit prononcer, sinon avec horreur, du moins avec dédain, dans les écoles de théologie comme aussi du haut de la chaire protestante. La mauvaise réputation qu’on cherchait à leur faire au dehors devait être pour eux un signe de la faveur divine. Cependant, le succès, quoique réel au fond, était d’autant plus dangereux qu’il était apparent. Les chefs qui avaient la conduite du troupeau ne manquèrent pas de donner dans le piège. Ce qui aveugle l’homme, ce n’est pas la surabondance de lumière, mais le mauvais usage qu’il en fait. L’autorité de l’homme ne tarda pas à se faire sentir, et les âmes, au lieu de regarder au Chef suprême de l’Église et de s’attacher à Lui, portèrent en quelque sorte toute leur attention et leurs sympathies sur ceux qui les enseignaient. On attachait trop d’importance aux dons et pas assez au Donnateur. Au lieu de donner gloire à Dieu, on voulut se construire une tour ; chacun se prévalait de ses lumières. Un esprit de parti se manifesta bientôt dans cette assemblée, le levain y fut introduit, il y travailla sourdement, graduellement,