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phes, quelques pages éloquemment indécises ; mais il a pris au sérieux la valeur pratique des principes d’éternelle justice, et donné les conditions matérielles à remplir pour qu’ils ne soient plus de vaines et menteuses promesses. Reprenant donc avec plus d’ardeur une pensée sociale qui n’a jamais été abandonnée par cette famille nombreuse de réformistes, qui part de Pythagore et se continue par les différentes sectes chrétiennes jusqu’au socialiste anglais Owen, l’auteur du Code de la Nature s’est proposé, bien avant l’éloquent auteur du Livre du Peuple, d’organiser la fraternité ; c’est-à-dire d’établir entre plusieurs familles réunies en nombre suffisant les rapports d’égalité et de solidarité qui existent entre les membres composant chacune d’elles avant la division du patrimoine.

Si l’on voulait, avant d’entrer dans les détails de la réforme morellyste en avoir d’abord un premier aperçu, on pourrait la réduire à ces conditions essentielles :

Maintenir l’unité indivisible du fonds et de la demeure commune ;

Établir l’usage commun des instruments de travail et des productions ;

Rendre l’éducation également accessible à tous ;

Distribuer les travaux selon les forces, les produits selon les besoins.

Conserver autour de la cité un terrain suffisant pour nourrir les familles qui l’habitent.

Réunir MILLE personnes au moins, afin que, chacun travaillant selon ses forces et ses facultés, et consommant selon ses besoins et ses goûts, il s’établisse sur un nombre suffisant d’individus une moyenne de consommation qui ne dépasse pas les ressources communes, et une résultante de travail qui les rende toujours assez abondantes.

N’accorder d’autre privilège au talent que celui de di-