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social, et ces principes eux-mêmes, ces premiers fondements de la science sociale, sont déposés dans les enseignements de la philosophie, et mieux encore dans la conscience du genre humain. Il ne s’agit donc pas de tout réformer, mais d’ajouter, de compléter, de faire une application plus étendue des principes connus et acceptés. En un mot, l’homme a déjà soumis à des lois justes, c’est-à-dire conformes à l’intérêt du plus grand nombre, quelques uns de ses moyens d’action : doit-il les soumettre tous ? voilà toute la question. Ceux qui profitent ou espèrent profiter de l’état de lutte, diront : Non ; ceux qui recherchent la paix et la justice, répondront : Oui.


III.

RÉSUMÉ SUCCINCT DU SYSTÈME.

La recherche d’une situation dans laquelle l’homme cesserait d’être méchant en cessant d’être malheureux, fut dans tous les temps le rêve de quelques sages, que révoltait plus particulièrement la vue des crimes et des désordres de la société ; et il est à remarquer que presque tous ont cru trouver le remède à nos maux dans un état social dont la constitution se rapprocherait de celle de la famille. Les idées les plus justes sur les vrais fondements de la société civile et politique sont éparses dans les écrits de Locke, de Rousseau, de Diderot, de Pluquet, de Goguet, etc. ; mais elles sont mêlées à tant d’opinions fausses et contradictoires, qu’il était nécessaire qu’un génie vigoureux, rassemblant ces fragments isolés de vérités précieuses, en fit un corps et leur donnât la vie. Morelly ne s’est pas borné à écrire, comme presque tous les philoso-