Page:Etienne-Gabriel Morelly - Code De La Nature.djvu/22

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En général on accorde assez facilement que les hommes mèneraient une vie plus heureuse et moins tourmentée, s’ils voulaient s’entraider dans leurs travaux, ne plus se traiter en ennemis, mais en frères ; et puis on ne craint pas d’ajouter que, pour se soumettre à des conditions si avantageuses, ils sont trop égoïstes ; tandis qu’il serait bien plus raisonnable d’en conclure qu’ils ne sont pas assez intelligents, puisque, au bout du compte, le genre humain est dupe de ses iniquités. C’est par vanité que bien des gens se disent méchants ; ils ne sont que lâches ou stupides.

Au point où nous en sommes de cette exposition, il doit être facile à ceux qui ont eu connaissance des théories sociales de Saint-Simon et de Charles Fourier de noter les rapports qui existent entre elles et le système de Morelly. Et, d’abord, on voit très-bien que les trois réformistes sont d’accord sur deux points essentiels : 1° la possession en commun du fonds, des immeubles et des instruments de travail ; 2° la communauté d’éducation. Mais Morelly n’admet pas la répartition selon la capacité et les œuvres comme l’école saint-simonienne, encore moins selon le capital, comme l’école phalansthérienne, mais il veut l’usage commun des productions aussi bien que des immeubles. Il n’y a donc pas, dans la cité Morellyste, de catégories, de classes, de distinctions : tous les membres de la communauté participent aux jouissances ainsi qu’aux travaux communs. L’individu se rend utile au bien commun dans la mesure de ses forces, de son âge, de ses talents qu’une éducation commune développe autant qu’il est possible ; mais l’inégalité de l’intelligence, du travail, des services rendus n’introduisent aucune différence pour les récompenses matérielles. Chacun, quel que soit son rang dans la direction des travaux, est traité suivant les ressources de la communauté. Il n’y a, entre