Page:Etienne-Gabriel Morelly - Code De La Nature.djvu/54

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notitias parvas maximarum rerum ; virtutem ipsam inchoavit.

Sur quels principes la morale et la politique devaient établir
leurs préceptes et leurs institutions.

C’était à la morale et à la politique, ad ea principia quæ accepimus consequentia exquirere ; c’était d’après ces excellentes dispositions qu’elles devaient travailler à seconder la nature par l’art ; c’était sur les opérations de celle-là qu’elles devaient régler celui-ci : c’était sur le partage des forces de l’humanité qu’elles devaient régler les devoirs et les droits de chaque membre, et leur distribuer leurs emplois : c’était là qu’il fallait appliquer la balance et le poids, le cuique suum : c’était sur les proportions des parties du tout, que les sciences de gouverner et les cœurs et les actions des hommes devaient établir les vrais moyens de maintenir et d’encourager l’union d’une société, et d’en rétablir les accords, si quelque chose eût pu leur nuire ou les rompre. Ce que l’on nomme les tons de cette harmonie, je veux dire les rangs, les dignités, les honneurs, devaient être mesurés sur les degrés de zèle, de capacité, sur l’utilité des services de chaque citoyen : on pouvait alors, sans danger, pour encourager tout effort généreux, tendant au bien commun, y attacher les idées flatteuses dont on décore de vains fantômes, objets frivoles de l’envie ; ce vice, tout honteux qu’il est, n’en veut qu’à ce qui ne peut nous être utile : il n’existe même et ne peut exister qu’où la vanité s’est approprié et le nom et les avantages du mérite. En un mot, si l’on eût établi que les hommes ne seraient grands et respectables qu’à proportion qu’ils seraient bons, et plus estimés qu’à proportion qu’ils auraient été meilleurs,