Page:Etienne-Gabriel Morelly - Code De La Nature.djvu/78

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L’homme n’est donc pas naturellement paresseux, mais l’est devenu, ou, ce qui est la même chose, il a contracté de l’aversion pour toute occupation vraiment utile.

Quittons maintenant les contrées sauvages de l’Amérique, repassons chez les nations policées de notre continent : c’est là que j’avouerai que l’on trouve effectivement des hommes paresseux, indociles et fougueux, tels que les peint notre savant journaliste : j’avouerai encore que près d’eux notre système aurait très-peu de crédit, puisqu’il faut que je fasse tant d’efforts pour en établir l’évidence aux yeux de la simple raison ; mais comme j’ai prouvé qu’aucune nation ne tient de la nature ni cette indocilité ni tout autre vice, je vais prouver historiquement, en remontant à l’origine des choses, par quels degrés ces maux se sont accrus, et ce qu’auraient dû faire les premiers législateurs pour les prévenir : on comprendra en même temps ce qu’on achève de m’objecter, pourquoi, quelque sûrs et évidents que soient mes principes, aucun sage, aucun peuple de la terre ne s’est jamais avisé d’en faire usage.



Digression sur les répétitions obstinées de quantité d’objections
frivoles.


Mais auparavant, le lecteur me permettra de l’arrêter sur quelques réflexions qui ne sont pas absolument de mon sujet. Que d’efforts, dira-t-il, pour prouver l’évidence ! J’avoue qu’ils seraient inutiles, s’il ne fallait en écarter une foule d’opinions politiques et morales, qui obscurcissent la vérité ; leurs fréquentes attaques, presque toujours conduites à peu près de même, obligent à de fréquentes redites. Telles sont l’obstination et la ténacité de