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Page:Etienne Falconnet - Oeuvres complètes, tome 1, 1808.djvu/94

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CHAPITRE V.

section dixieme.
Du genre des ſtatues & de leurs configurations.

C’est ainſi que furent anciennement dédiées les ſtatues qui ſont drapées de la toge. On eut auſſi le goût des figures nues tenant une pique ; on en prenoit le modele, ſur les jeunes gens des gymnaſes : on les appelle achilléennes. La coutume des Grecs eſt de ne rien voiler : [1] mais au contraire l’uſage romain & militaire eſt de mettre un corſelet aux ſtatues (8). Céſar étant dictateur, permit de lui en élever une cuiraſſée dans la place qui porte ſon nom ; car celles qui ſont couvertes à la maniere des Luperques ſont auſſi nouvelles que celles qui ſont en manteau. Mancinus ſe fit repréſenter avec l’habit qu’il portoit lorsqu’il fut livré. Les hiſtoriens ont obſervé que le poëte L. Accius fit placer dans le temple des Muſes ſa ſtatue d’une taille fort grande, quoiqu’il fût fort petit. Quant aux

  1. L’édition du P. Hardouin porte, ainſi que d’autres, Græca res eſt nihil velare : le manuſcrit de Pétersbourg & l’ancien manuſcrit de Dalechamp, Græcis mos eſt nihil velare. J’adopterois cette derniere leçon, parceque Pline n’emploie pas ordinairement le mot res pour uſage, coutume. On pourroit cependant tirer un beau ſens du texte du P. Hardouin, & traduire : Il n’appartient qu’aux Grecs de ne rien voiler. Ce ſeroit un éloge de l’art exquis avec lequel ils rendoient le nud.