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G. LANSON. — À propos de la « crise du libéralisme »

De même pour le régime du travail. L’antique libéralisme était l’exploitation, l’asservissement des travailleurs au profit des capitalistes. En réalité les lois ouvrières marquent un progrés, non un recul de l’idée de liberté. La réglementation légale ôte seulement à certaines libertés le pouvoir d’opprimer : quelques-uns sont génés, pour que beaucoup soient élargis. Voyez la vie intense, le jeu puissant d’activités libres, d’énergies morales, que la loi sur les syndicats a rendus possibles.

Voilà, en gros et sommairement, comment je conçois le libéralisme et son application au régime démocratique. Un libéral, ce n’est pas celui qui veut sa liberté à lui, c’est celui qui veut la liberté générale, même resserrant sa liberté à lui. Je sais bien qu’il y a beaucoup de libéraux qui ne l’entendront pas ainsi. Mais je ne puis concevoir la liberté sans universalité, c’est-à-dire hors de l’égalité et sans la justice.

Gustave Lanson.