Page:Eugène Le Roy - Au pays des pierres, 1906.djvu/50

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entendit sa chère Reine chanter les vieux noëls de jadis, et même un noël patois composé par quelque curé d’autrefois :

Reveillas-vous, pastourels,
Drubez lous els.
E laissas vostreis troupels.
Din l’estable avan jour,
Troubarez, pastours,
Lou Diou d’amour !

Ah ! ce mot d’« amour », comme elle le chantait à pleine gorge, avec une expression et des sonorités chaudes, vibrantes, passionnées, qui faisaient frissonner Yves dans le fond de l’église. À la sortie, pendant que Maurette suivait sa mère, il lui serra la main dans la foule et s’en fut un peu réconforté.

Cette nuit-là, on mangeait du boudin un peu partout. Gaudet, qui depuis quelque temps s’était accointé de la plus jeune sœur de Virginie, avait organisé un réveillon au café Montcazel, avec Gaujac et Sully Viermont qui, en ce moment, s’accommodait de la cadette, délaissée par Caraval, un peu jaloux de nature. Fillette, leur cousine, était venue aussi, de manière que chacun avait sa bonne amie, ce qui est une condition essentielle pour bien réveillonner. Quant à Virginie, elle était dépareillée depuis quelque temps.

Le docteur Miquel réveillonnait au Coq Hardi, chez Antoinette, qui avait invité son cousin le boucher, avec Clara Descalvel sa promise, dont elle