Page:Eugène Le Roy - Au pays des pierres, 1906.djvu/58

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Marie, embuissonné d’aubépine, fleuri de lilas, de muguet, de véronique, les chanteuses étaient rangées. Elles étaient cinq ; pour remplacer Virginie, le curé avait recruté Mlle Viermont, qui avait une jolie voix. Sa chevelure, aux tons dorés, brillait entre les cheveux noirs de Maurette et la tête de maugrabine de Marion Caraval, comme une javelée d’épis mûrs, et attirait les regards avides de Gérard, le clerc de son père.

Et bientôt commencèrent les litanies de la Vierge, cette ardente glorification de la femme, sous le nom de la mère de Christ.

Dans le fond de l’église, Kérado, retiré en un coin, écoutait et regardait en extase.

Oh ! cette voix divine de son aimée, égrenant les poétiques appellations de la Reine du ciel, comme elle retentissait amoureusement jusqu’au fond de son être !

Virgo potens !… Causa nostræ lætitiæ !… Turris eburnea !… Regina virginum !… Janua cœli !… Stella matutina !… Rosa mystica !

Sous les lumières qui l’hypnotisaient, enivré par les parfums des fleurs et de l’encens, un long frisson de volupté secouait Kérado.

« Ô ma Rose mystique ! ô vierge puissante sur mon cœur ! ô ma divine Reine ! ô porte du ciel que va m’ouvrir ton baiser !… »

Et, fou d’amour, il s’enfuit.

Le lendemain, Maurette était dans son jardin, rêveuse, et soupirait en pensant à son ami. Du cabanon où elle était assise, son regard suivait, indécis,