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du Chêne-Vert, Kérado eut un prétexte plausible pour déménager et s’installer dans la maison vacante sans trop éveiller les soupçons. La fenêtre du grenier de son logement était au droit de celle de la chambrette de Reine, circonstance qui ravit les deux jeunes gens et augmenta leur intimité en leur donnant la facilité de se concerter par des signaux convenus.

Ils se rencontraient toujours au jardin ; mais il y avait des jours de pluie qui ne laissaient pas à Maurette de prétexte pour sortir, et puis, encore, les soirs de clair de lune, maudits par tous les amoureux, où il n’était pas possible de se risquer. Tout cela réduisait les jours heureux des rendez-vous au cabanon.

Cette situation, fâcheuse aux deux amants épris l’un de l’autre, suggéra promptement à Kérado le projet hardi de s’introduire dans la mansarde de sa belle mie.

La maison qu’il occupait avait appartenu à un couvreur, et le grenier contenait, outre les outils du défunt, les échelles nécessaires à son état. L’ingénieux vérificateur des tabacs installa, en arrière de la fenêtre de son grenier, un rouleau de bois, et par une soirée obscure, ayant prévenu son amie, il posa le bout d’une échelle sur le rouleau et la poussa dehors. La ruelle n’avait guère que dix pieds de largeur, alors que l’échelle était longue de plus du double, en sorte que, par l’effet du contrepoids, celle-ci glissa horizontalement jusqu’à la fenêtre de Reine. Lorsqu’elle y fut solidement engagée, Kérado se mit