Page:Eugène Le Roy - Carnet de notes d’une excursion de quinze jours en Périgord, 1901.djvu/15

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armoiries du chevalier de Beaupuy sont aussi de trop ; c’est au général Républicain qu’on a élevé une statue : lui-même ne les eût pas voulues.

En remontant vers le vieux Mussidan, nous grimpons à la terrasse d’une ancienne église, aujourd’hui transformée en salle de concert. On a, de là, une superbe vue sur l’Ille ; mais ce lieu isolé, en haut de la ville, se ressent fâcheusement du défaut de latrines publiques.

Après nous être longuement promenés et avoir parcouru la ville, nous nous rendons à l’invitation de notre ami M…, où nous attend le plus gracieux accueil. Dans l’après-midi, je vais serrer la main du maître félibre Auguste Chastanet, dont le talent toujours vert a su rajeunir, à cette même place, la fable instructive des Grenouilles qui demandent un Roi. Puis tous, nous accompagnons à la gare, Robert qui rentre à la maison, relevé de l’escorte paternelle par son aîné, avec lequel je pars le soir pour Bergerac.

Levés de bonne heure, le matin, nous allons droit au pont de la Dordogne et puis nous parcourons la ville jusqu’à dix heures. Au cours de cette visite rapide, je remarque, à l’éloge de Bergerac, que les assommoirs et les mastroquets y sont moins nombreux qu’ailleurs.

À dix heures et demie, nous partons pour Eymet. La ligne traverse de belles plaines couvertes de cultures, de vignes, et bordées de vertes prairies où paissent de belles vaches. Nous passons en vue d’Issigeac, ancien doyenné et maison de plaisance des évêques de Sarlat. Vraiment ces excellents épiscopes n’étaient pas embarrassés pour aller en villégiature, car, outre Issigeac, ils avaient encore une résidence à Allas-l’Évêque et un château à La Roque de Gajac.

Tour carrée à Eymet

En approchant d’Eymet, le terrain se relève en belles ondulations qui rompent la monotonie de ce riche paysage. Le train roule horriblement, avec des à-coups de traction et de brusques mouvements de lacet qui nous projettent contre la paroi des voitures. Le heurt latéral des roues contre les rails est tellement violent, qu’il semble que le wagon va sauter hors de la voie ; c’est ce qui arrivera infailliblement un jour ou l’autre. Lorsqu’une douzaine de voyageurs auront été écrabouillés, la Compagnie se préoccupera de faire réparer la voie et de remplacer son mauvais matériel.