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Page:Eugène Le Roy - Carnet de notes d’une excursion de quinze jours en Périgord, 1901.djvu/21

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offrent des détails intéressants. L’une d’elles a une porte sculptée qui serait jolie, si elle n’était empâtée d’un affreux badigeon.

Monpazier est moins commerçant que Beaumont ou Eymet ; c’est une ville plutôt agricole que boutiquière, et c’est à cela même qu’elle doit d’être mieux conservée que les autres petites villes similaires. Pour qui veut connaître les anciennes bastilles royales du Périgord, Monpazier est à voir.

Après déjeuner, nous prenons un courrier qui nous mène à la station du Got. La route passe, accidentée, entre des coteaux couverts de taillis-chênes et de bois châtaigniers. Peu de maisons ; çà et là dans les combes étroites, des langues de prés, ou quelques traces de culture : tiges de blé d’Espagne desséchées, ou raves clair-semées.

De la station du Got à celle de Villefranche, il n’y a que quelques minutes. De cette dernière, on gagne la ville en omnibus par une montée interminable. Villefranche-du-Périgord est une bastille fondée en 1260 par Alphonse comte de Poitiers, sur un coteau en dos d’âne, près de la fontaine des Trois-Évêques. Le plan de la ville est en forme d’un parallélogramme rectangle, traversé dans sa longueur par trois rues droites et, dans sa largeur, par d’autres rues en plus grand nombre, toutes bien alignées, qui coupent les premières à angle droit. À la différence des autres bastilles comme Monpazier ou Beaumont, il n’y a pas de place centrale. Point de restes des anciennes fortifications non plus : murs, tours ou portes. À l’entrée de la ville, on remarque quelques maisons appelées les Corniéres, avec des galeries à arcades ogivales ; et çà et là, dans les rues, de vieux logis qui n’ont rien de bien remarquable. Comme Monpazier, la ville est plus agricole que marchande et la tenue des rues s’en ressent un peu.

Il me souvient d’avoir lu dans le Périgord illustré, de l’abbé Audierne, que Montluc raconte qu’en l’année 1576, étant monté à l’assaut de la ville avec son drapeau, il fut renversé par les piques et les hallebardes des assiégés, dans le fossé plein de boue où il faillit périr. J’ai feuilleté les Mémoires du Boucher royaliste et je n’y ai pas trouvé ce fait.

Une vieille tradition dit aussi, qu’une nuit les habitants de Villefranche étant allés piller leurs voisins de Monpazier, furent eux-mêmes pillés par ceux-ci qui avaient pris un autre chemin : on échangea le butin et chacun s’en retourna penaud dans sa chacunière.

Très bien dîné à l’Hôtel du Périgord, où se sont conservées les bonnes traditions de la cuisine de notre pays.

Nous sommes partis le soir pour Belvès. Vers neuf heures, nous arrivons à la station, où il n’y a ni voiture, ni omnibus, ni aucun moyen de transport. On nous indique le chemin qui monte à la ville. C’est, je pense, le plus roide raidillon que j’aie vu en Périgord où il y en a tant. L’ancien chemin qui montait de Dome-Vieille à la porte Del Bosc, n’en approchait pas. Yvon