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Page:Eugène Le Roy - Carnet de notes d’une excursion de quinze jours en Périgord, 1901.djvu/41

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encadrés de peupliers aux feuilles jaunies qui montent dans l’air comme des fusées d’or ; ou bien bordés de grands taillis où se montrent parfois de chevreuils venus de la forêt de Born. Dans des plis de terrain, au-dessous de Badefols, naît la Lourde, ruisseau profondément encaissé, à sec l’été, torrentueux l’hiver. Ce mauvais petit cours d’eau rouge, jusqu’à la rencontre du ruisselet innommé qui descend des prés du château de la Salle, forme la limite entre le Périgord et le Limousin, — sauf toutefois le bon plaisir de Messieurs les félibres de la Corrèze.

Enfin, à la sortie d’une courbe, le vallon de la Lourde s’élargit, et tout en face, sur la haute colline, apparaît la masse du château moderne qui a remplacé la vieille forteresse de Bertrand de Born qui vit en même temps deux rois devant ses murailles, Henri II d’Angleterre et Alphonse d’Aragon.

Vue du château d’Hautefort

C’est avec plaisir qu’après une absence de quinze jours nous rentrons à la maison où nous attend la famille. Il n’est pas jusqu’aux bêtes familières, chien, chats, que je ne sois content de retrouver ; même un petit coq nain qui vient se percher sur mon poing comme un oiseau de volerie.

Pourtant que ce vagabondage a de charmes, et que de choses je regrette de n’avoir pas vues : Le château des Bernardières, d’où le connétable Du Guesclin chassa les Anglais et d’où, selon une vieille tradition, partit un cadet de la maison d’Authon, qui devint le fameux corsaire renégat Kaïr-Eddin Barberousse ; puis le tombeau de ce grand effronté de Brantôme