Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/173

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des pieds et des mains, comme une araignée filant sa toile.

— Séguin, dit le curé, il me faudrait de bon droguet solide pour faire des culottes à ce drole et une veste.

— Ça ne sera pas de gloire… Monsieur le curé, je vais vous donner ça.

Et, ayant fait le prix, l’homme mesura avec son aune l’étoffe que le curé emporta. En chemin, il entra dans une petite maison.

— Ton homme n’y est pas, Jeannille ?

— Eh non, monsieur le curé, il travaille à Valmassingeas ; mais demain il aura fini.

— Alors, qu’il vienne demain, sans faute ; ne manque pas de l’avertir ; c’est pour habiller ce drole : tu vois qu’il en a besoin.

— Oui, le pauvre !

— Maintenant, me dit le curé en nous en allant, je te ferai porter une paire de sabots de Montignac et un bonnet : ainsi tu seras équipé.

— Faites excuse, monsieur le curé, mais je n’ai pas besoin de sabots avant l’hiver, étant habitué à marcher nu-pieds dans les pierres et les épines, et, pour ce qui est d’un bonnet, je ne puis rien souffrir sur la tête.

— C’est vrai que tu as une bonne perruque ; mais tout ça te servira à un moment ou à l’autre.

Dès que nous fûmes rentrés, la Fantille demanda au curé où est-ce qu’il entendait me faire coucher.