Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/198

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frairie, qui tombait le vingt-deux d’août, et celles des paroisses voisines, comme Bars, Auriac, Thonac, où nous ne manquions guère. Mais où on ne faillait jamais d’aller, c’était à Montignac, le vingt-cinq novembre, à la grande foire de la Sainte-Catherine. Ça, c’était de rigueur, et, ce jour-là, avec le curé, la demoiselle Hermine et La Ramée, il ne restait dans le bourg que les vieux, vieux, qui ne pouvaient quitter le coin du feu, et les tout petits enfants ; et même, de ceux-ci, il y avait beaucoup de clampasses de femmes qui les y traînaient par la main, ou les portaient sur les bras quand ils étaient trop petits. Le chevalier lui-même y allait sur sa jument, pour rencontrer ses amis, petits nobles des environs, et manger ensemble une tête de veau et une dinde truffée au Soleil d’Or.


Les choses marchaient donc à souhait ; tout le monde était satisfait de moi, et moi bien reconnaissant à tous ceux qui me faisaient bien. Mais, « si ça marchait toujours au gré de tous sur la terre, les gens ne voudraient pas aller en paradis », comme disait le chevalier.

Depuis quelque temps il n’était pas content, le brave et digne homme, il trouvait dans sa gazette des nouvelles de Paris qui ne lui convenaient pas. Les affaires de la politique prenaient une vilaine tournure : on avait guillotiné quatre sergents de La Rochelle, fusillé des généraux, des officiers ; les jésuites revenus