Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/209

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busier de ponant, en l’avertissant de ne pas prendre un bocal pour l’autre :


Dieu nous garde d’un et cætera de notaire,
Et d’un quiproquo d’apothicaire !


— Oh ! fit le curé qui entrait en ce moment ; je vois que vous n’êtes pas en danger !

Étant à Montignac, le soir, la commission faite à M. Fournet, le hasard fit que je passai devant l’église du Plo, où prêchaient des missionnaires ; la curiosité me poussa à y entrer. Il y avait en chaire un jésuite maigre et jaune, à figure de belette, qui déclamait contre les jacobins, les impies, les incrédules. Il avait l’air d’un de ces hypocrites qui se donnent la discipline avec une queue de renard. Après avoir bien daubé sur les ennemis de la religion, sur ces loups dévorants enfantés par les philosophes et la Révolution, il ajouta que cette Révolution avait été tellement satanique dans ses principes et dans ses œuvres, que des pasteurs même, ayant charge d’âmes, s’étaient laissés séduire. Et il s’écriait :

— Oui ! jusque dans le sanctuaire, le démon a fait des prosélytes ! Ne croyez pas que je parle de pays lointains ! Aux portes de cette cité qui, après l’orgie révolutionnaire, est revenue à Dieu, il en est, de ces loups qui se couvrent de peaux de brebis pour mieux perdre les âmes dont notre Seigneur Jésus-Christ leur a donné la charge ; qui cachent sous le manteau d’une charité men-