Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’est guère qu’un fossé jusqu’au moulin de la Grandie. À la rencontre de la combe de Valmassingeas, qui rejoint l’autre, et avec elle s’élargit en vallon, je trouvai un homme qui portait sur l’épaule, avec son bâton, quelque chose de rond noué dans son mouchoir. Lorsqu’on rencontre, ce jour-là, quelqu’un portant un melon, on peut dire qu’il vient de la Saint-Rémy.

— Et vous en venez donc aussi ? lui dis-je.

— Eh ! oui, fit-il en tournant un peu la tête vers son melon, comme qui dit : « Vous le voyez. »

Là-dessus, nous cheminâmes en causant. L’homme me dit qu’il était de la Voulparie, dans la commune de Sergeac, et qu’il venait de se frotter à saint Rémy, pour un mal de tête qui le prenait de temps en temps et le rendait quasi imbécile. Puis il se mit à parler de la fête, et s’en alla remarquer que notre curé n’y était point.

— Aussi bien y étaient-ils assez tout de même, lui répliquai-je, pour manger le fricot du curé d’Auriac !

— Sans doute, fit l’homme, mais avec ça, comme voisin, il aurait dû être à cette dévotion où les gens viennent de si loin ; mais on dit qu’il ne croit pas à grand’chose, et même qu’il ne se conduit pas trop bien.

— Et qui dit ça ?

— On le dit.

— Ceux qui le disent sont des imbéciles !