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Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/244

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demandé. Aussi, quelque peine que j’eusse de le voir dans cette passe, je fus un peu consolé par l’idée de le suivre et de lui être utile. Je commençai à emmener le mobilier, qui n’était pas très important. Outre ce que j’en ai dit, il y avait encore dans la chambre du curé un lit tout simple, sans rideaux, une petite table recouverte d’une serviette sur laquelle il y avait une cuvette et un pot à eau en faïence, une autre table à écrire, plus grande, encombrée de papiers, quelques livres sur une tablette, deux chaises, une grande malle longue recouverte de peau de sanglier, et c’était tout. Malgré ça, avec le lit de la Fantille et le reste, avec quelques provisions, il me fallut trois jours pour emporter toutes les affaires, peu à peu, à cause des mauvais chemins. Je ne faisais qu’un voyage par jour : encore fallait-il coucher à La Granval, car il y avait loin, et les bœufs ne vont pas vite.


Un matin, tandis que je chargeais le buffet sur la charrette avec Cariol, je te vois arriver un grand diable de curé, sec comme un pendu d’été, de poil rouge, torcol, avec de gros yeux ronds et un nez crochu, qui me demanda où était le presbytère.

— Vous y êtes, lui dis-je, voici la porte.

Et, un instant après, je le suivis, pour m’assurer que c’était le nouveau curé. Précisément c’était lui, et, ensuite des civilités d’usage, il