Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/243

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comprit un peu plus tard qu’on lui avait fait faire une bêtise ; mais, comme les gens en place ne reconnaissent pas facilement qu’ils se sont trompés, les évêques moins que les autres, monseigneur persista dans sa décision, malgré tout ce que put lui dire le chevalier, qui plaida chaleureusement la cause de son ami.

— Je vous prédis, monseigneur, fit-il en partant, que vous regretterez votre refus.


Tel maintenant refuse,
Qui par après s’accuse !


L’évêque, passablement offusqué de la liberté que prenait ce laïque, ne répondit rien, et le chevalier s’en alla.

La veille de son retour, le curé qui connaissait bien les gros bonnets du clergé, et savait que la démarche du chevalier serait inutile, m’avait envoyé à La Granval parler au Rey pour venir faire des arrangements. Le Rey vint trois ou quatre jours après, et, comme il n’avait plus qu’une année de ferme à courir, il consentit à résilier le bail, et à se retirer dans le bien qu’il avait à la Boissonnerie, moyennant une petite indemnité. Tout bien convenu, il s’en retourna, et le curé commença à penser à déloger, parce que le refus de l’évêque, bientôt connu de toute la paroisse, échauffait les têtes ; et il ne voulait pas être l’occasion de quelque désordre.

Il fut entendu entre le chevalier et lui que je le suivrais à La Granval, comme je le lui avais