soupe ! disait la Fantille tout affairée lorsque je revins.
En déjeunant tous deux, le chevalier raconta à son ami ce qui s’était passé à l’arrivée du nouveau curé, et la mauvaise impression qu’il avait faite sur les gens :
— Je crois bien, dit-il, qu’il n’aura pas eu grand monde à sa messe, ce matin.
— C’est tant pis, repartit le curé. Je suis bien reconnaissant à toute la paroisse de l’affection qu’elle m’a marquée dans cette circonstance ; mais il ne faudrait pas que, pour des préférences de personnes, la religion en souffrît.
Oyant cela, tout en vaquant à ses affaires, la Fantille hochait la tête en signe de désapprobation.
Le chevalier était bon convive et fit honneur à la poule au pot, à la farce dont elle était garnie, et à l’omelette qui la suivit. Il égaya un peu le repas en lâchant quelques-uns de ses dictons familiers. Ainsi, le curé, qui ne buvait pas de vin pur, lui ayant offert de l’eau par distraction ou habitude, avant de se servir lui-même, il le remercia ainsi :
— L’eau gâte moult le vin,
Une charrette le chemin,
Le carême le corps humain.
Ils restèrent longtemps à deviser à table. Le chevalier faisait tourner sa tabatière et prenait de fréquentes prises ; le curé, son couteau à la