Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/365

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Lorsque, une fois déliés, ils se furent éloignés se dirigeant vers leur plus proche métairie, j’ajoutai :

— Et vous autres tous, gardez la recordance que moi seul ai mis le feu au château, rejetez sur moi ce qui s’est passé, je prends tout sur mon compte.

Là-dessus, comme je pensais bien que je ne tarderais pas à recevoir la visite des gendarmes, je m’en fus tout droit à Thenon, avec deux autres blessés, pour nous faire tirer les balles de la chair.

Le lendemain, à la pointe du jour, on heurta fortement à la porte. Jean se leva et revint disant :

— Les gendarmes sont là.

— Dites-leur que j’y vais.

Et, m’étant habillé, je lui donnai le poignard de la demoiselle Galiote :

— Gardez-moi cet outil, Jean, et au revoir !


Les gendarmes m’ayant enchaîné les mains, me mirent entre eux, et s’en furent vers Prisse, puis à l’Herm, faisant se musser les petits droles épeurés. Après qu’ils eurent rassemblé tout le monde dans l’enceinte du château, devant les ruines fumant encore, le juge de paix et le maire commencèrent des interrogats à n’en plus finir. Mais ça n’était pas chose facile : il fallait arracher les réponses aux gens, comme avec un tire-bouchon ; et encore, ça ne les avançait guère,