Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/428

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— Il faudra attendre la fin de mon deuil, reprit-elle après une pause.

— Oui, ma Bertrille, maintenant que je suis sûr de toi, j’attendrai le temps voulu.

Et, me penchant vers elle, je lui donnai le baiser de fiançailles.

Puis, l’ayant ramenée jusque chez elle, je la quittai et m’en revins tout content aux Âges.

Il fut entendu entre nous, ensuite de cela, que nous nous marierions après la Noël, et, le temps étant venu, il fallut en parler au curé de Bars. Lui se disait, sans doute : « Puisque le bon ami de cette fille a trouvé huit francs pour faire enterrer la mère, il en trouvera bien dix pour se marier ! » Et il eut le toupet de les demander à la Bertrille. Ah ! ça n’était plus le brave curé Bonal, qui regardait l’argent comme rien. Cet autre n’aimait ses brebis que pour la laine ; et il les tondait de près.

Lorsque la drole me dit ça, je pensai un peu en moi-même, et puis je lui dis :

— Tu vas voir ! puisqu’il fait ainsi, nous allons l’attraper.

Et je m’en fus trouver le curé de Fossemagne, dans la paroisse duquel était la maison des Âges, et je lui expliquai mon affaire, disant, comme c’était vrai, que nous étions bien pauvres tous deux, et que je le priais de nous marier au meilleur compte.

Lui, qui était un vieux brave homme, se mit à rire en voyant cette requête et me répondit :