pour le moment, et il fallut donc nous en retourner. En passant par les villages sur la lisière de la forêt, ma mère demandait aux gens où elle pourrait avoir du travail. Aux Lucaux, un vieux qui se chauffait au soleil, le long d’un mur, nous dit qu’à Puypautier, chez un riche paysan appelé Géral, elle pourrait trouver quelques journées pour travailler aux vignes ou sarcler les blés. Arrivés dans le village, un drole nous fit voir une grande vieille maison où justement Géral était en ce moment. Lorsque sur sa demande, ma mère lui eut dit qu’elle était la femme de Martissou, de Combenègre, la servante qui était là fit : « Oh ! Sainte Vierge ! » en nous regardant d’un air pas trop engageant. Mais Géral, l’ayant fait taire, dit à ma mère qu’il lui donnerait huit sous par jour, et qu’elle pourrait venir dès le lendemain.
Lors elle le remercia, et lui répondit que, ne pouvant m’abandonner seul à la tuilière au milieu des bois, elle le priait, si ça ne le dérangeait pas, de me laisser venir, et qu’il la payerait moins, en ce que je serais nourri aussi.
— Eh bien ! amène ton drole, dit le vieux Géral, qui n’avait pas l’air d’un mauvais homme ; et, au lieu de huit sous, je t’en donnerai cinq.
Le lendemain donc, nous fûmes de bonne heure à Puypautier, et, tandis que ma mère ramassait les sarments dans les vignes avec une autre femme, moi je m’amusais par là, avec