Page:Eugène Le Roy - L’Année rustique en Périgord, 1921.djvu/103

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La propriété telle que nous l’avons conçue, d’après le dur génie des jurisconsultes romains se définit, le droit d’user et d’abuser de sa chose.

La possession telle qu’elle résulte d’une conception plus humaine du droit, peut se définir la faculté d’user des choses dans la mesure de ses besoins : c’est la consécration de l’appréhension du sol par le travail personnel.

De cette conception découle directement l’interdiction de l’accaparement de la terre, et, par conséquence, la nécessité de la limitation de la possession.

Le droit éminent sur la terre appartenant à la Nation, cette limitation en étendue et en valeur se déterminerait en combinant ses deux principes essentiels :

1o Nul ne peut posséder plus de terre qu’il n’en peut mettre directement en rapport, lui et les siens habitant sous son toit.

2o Chacun a droit à la quantité de terre nécessaire pour le nourrir et sa famille vivant avec lui à même pot, sel et chanteau, comme disent les anciennes coutumes.

Bien entendu, cette loi de limitation devrait laisser une marge assez large pour stimuler l’énergie individuelle, mais suffisamment restreinte pour empêcher l’accaparement du sol par les mammons du capital, les forbans de la spéculation, les philosophes du grand tripot de la Bourse, les usuriers de haut vol et autres telles espèces nuisibles.

Car la terre n’est pas une marchandise, un objet de luxe, de gloriole, de pur agrément, ni un moyen d’influence pour les riches, c’est une demeure, un