Page:Eugène Le Roy - L’Année rustique en Périgord, 1921.djvu/48

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dencés, pressés, crépitants, et font voler le grain. Les pauvres, il leur faut précipiter le mouvement pour suivre les hommes et arriver en mesure à leur tour sans rencontrer un autre fléau.

Pas un brin d’air ; la poussière monte des gerbes épandues dans l’aire, les prend à la gorge et se colle sur leurs jambes nues. Sous la chemise de toile à courtes manches, leurs seins pendent, moites de sueur ; et autour de la hampe de l’outil à battre, leurs mains se crispent endolories. Et ce pénible travail dure toute une longue journée ; après quoi, les bras grillés par le soleil, la gorge desséchée, les yeux enflammés, les reins courbaturés, elles soupent à la hâte et vont dormir pour recommencer le lendemain.

Et pendant que le paysan, que des vieux, que des femmes, portent le poids du travail, de la chaleur et crèvent à la peine ; autour de leurs châteaux, sur les plages à la mode, dans les villes d’eaux, les riches oisifs, des hommes efféminés, promènent leur nonchalance sous une ombrelle qui abrite du soleil leur teint délicat !

Me semblo que m’estripen !

Après tant de sueurs et de peines, il aimerait, le pauvre ahanier, à laver son corps maigre, des souillures du travail hebdomadaire ; elles auraient plaisir aussi, les pauvres paysannes, à rafraîchir dans une eau claire leurs membres fatigués par le dur labeur de la semaine. Quelle femme n’aime le bain ? La caresse de l’eau les met en joie, et l’excitation se manifeste par des rires et des propos bruyants. Mais quoique ce département soit un des mieux arrosés de France par sept rivières