Page:Eugène Le Roy - L’Année rustique en Périgord, 1921.djvu/50

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Là-bas, au fond de la gorge, où l’eau coule lentement à l’ombre des rochers et des arbres de la rive, il fait bon se baigner. Dans ce lieu solitaire, nulle indécence à se passer du caleçon ou du maillot qui collent désagréablement à la peau. Il y a une jouissance très vive dans ce retour à la simplicité primitive ; c’est une volupté exquise que de nager ainsi et de livrer son corps nu à l’enveloppement de l’eau fraîche et limpide. Il semble qu’on dépouille les misères de la civilisation en même temps que ses habits, et c’est avec bonheur qu’on se retrempe au sein de la nature, qui ne s’effraie pas de voir un de ses enfants dans l’état de nudité où il naquit à la lumière…

Tire lire, tire lire lire… Par toi j’ai commencé ceci, gentille alouette, par toi je le veux finir.

Pauvrette ! on te traque à force. Les « nemrods » au miroir te fusillent sans pitié partout. Vers le pays bas, dans les plaines de Bergerac, on te tend des « sétons » et on te prend au filet par volées. Tu n’es pas grosse pourtant, et lorsque la cuisinière t’a plumée, que reste-t-il à manger en toi ? Combien faut-il de ces petits corps pour rassasier un goinfre ? Pauvres petites ! Afin de justifier votre extermination, l’homme, stupide, vous calomnie ; il prétend que vous mangez son blé ! Quand vous becquetteriez quelques épis versés, ne les payez-vous au centuple en picorant les mauvaises graines, en détruisant les larves et les insectes !

Celui qui veut tuer son chien le dit enragé ; ainsi fait l’homme de toi, innocente bestiole. Prise dans le filet, le sinistre oiseleur te massacre par centaines, froidement, sans compassion. Entre les