Page:Eugène Le Roy - L’Année rustique en Périgord, 1921.djvu/73

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Pendant que le sang gicle dans le bassin, l’animal continue à crier désespérément. Mais bientôt ses cris s’affaiblissent progressivement, et bientôt cessent avec un dernier jet de sang par un soupir rauque : il est mort. Heureux lorsqu’il n’a pas été « épaulé » par un opérateur inexpérimenté qui aura prolongé ses souffrances !

Alors, le corps arrosé d’eau bouillante, ou grillé avec des brandons de paille dans certains cantons, est ensuite raclé avec des couteaux par les assistants qui font des supputations sur l’épaisseur du lard et le poids de la bête.

Le cadavre étant bien raclé, bien pelé, bien propre, on le porte dans « l’en-bas » où il est suspendu à une poutre du plancher par les tendons des pieds de derrière ; après quoi on l’éventre et on enlève les boyaux et la fressure.

Et demain, lorsqu’il sera froid, on le dépècera et on fera du boudin, des andouilles, et autres cochonailles.

Ceux de la maison auront leur provision de graisse, de lard et de salé. Mais à côté de ces riches, combien de malheureux ne peuvent ainsi faire et n’ont pas de graisse pour leur soupe ! Entre ces extrêmes, il y a de moyennes petites gens qui s’associent, pour — selon leur pittoresque expression — « tuer la moitié d’un cochon ».