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Page:Eugène Le Roy - L’Année rustique en Périgord, 1921.djvu/84

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Il y a toujours, dans ces veillées un vieux ou quelque ancienne, qui disent des contes de « fades » ou fées, de voleurs, de revenants et de « lébérous », ou de loups-garous, qui font « tribouler » les tout petits drolets serrés contre les vieux dans le « cantou » de la cheminée. S’il y a une fille dans la maison, son bon-ami est là tout près d’elle, venu de loin quelquefois par la neige et les chemins, qui joue avec la pelote de laine de sa belle et lui dit des choses amiteuses.

Les droles un peu grandets font cuire des châtaignes sous la cendre, des « viroles » comme ils disent. Des fois prenant un petit tison, ils le font aller, tourner et retourner dans tous les sens en décrivant des lignes de feu entre-croisées en arabesques capricieuses. Mais on les fait cesser promptement, car c’est une croyance chez nos gens que cet amusement les fait pisser au lit.

Parmi les veilleurs, il y en a souvent qui savent des devinettes patoises ; d’aucunes connues de longtemps, d’autres nouvellement fabriquées par d’ingénieux beaux esprits de village. Il en est de ces devinettes qui ont une tournure scabreuse pour taquiner les filles, et sont innocentes toutefois à la solution. La question étant posée, les enfants crient tous ensemble la réponse lorsqu’ils la connaissent ; sinon chacun cherche.

Ainsi, le malin demande :

— Qu’est-ce qui sauterait une maison et n’en sauterait pas deux ?

— Un œuf !

— Qu’est-ce qui porte des clous sous son ventre ?