Aller au contenu

Page:Eugène Le Roy - L’Année rustique en Périgord, 1921.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Un sabot ferré !

— Qu’est-ce qui fait le tour de la maison et se cache derrière la porte ?

— Le balai !

— Qu’est-ce qui mange ses boyaux et boit son sang ?

— Le « calel » !

— Deux « novis » vont au lit, la chandelle sur la table, qu’est-ce qui fond ?

— La chandelle !

— Qu’est-ce qui est petassé, repetassé, et que jamais l’aiguille n’y a passé ?

— Les nuages !

— Qu’elle est la chose qui grossit lorsqu’une femme la tient ?

— Le fuseau !

— Qu’est-ce qui est à l’abri et toujours mouillé ?

— La langue !

Et ainsi de suite pendant toute la veillée. Puis, lorsqu’il est heure tarde, les voisins se retirent et chacun va se coucher.

C’est l’hiver. Alors, au cours des longues nuits, dans les métairies écartées à travers pays, l’homme couché près de sa femme sous le couvre-pieds de morceaux d’étoffes disparates et les vêtements ajoutés en guise de couverture, se réveille et écoute les bruits nocturnes : le raclement de la chaîne des bœufs sur la crèche, l’aboi obstiné d’un chien épeuré, le hurlement d’un loup qui rôde autour des habitations et vient fourrer son nez sous la porte des étables mal closes ; le « clou ! clou ! mal jovent » d’une chouette enjuchée sur une tuilée ; la voix du coq Chanteclair qui marque les heures et, à l’aube,