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Page:Eugène Le Roy - L’Année rustique en Périgord, 1921.djvu/97

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marmites qui amusent les enfants. Dans les prés qui reverdissent, les drolettes vont ramasser les pissenlits tendres, qui, assaisonnés avec l’huile de noix nouvelle, feront la plus délectable des salades. Souvent, en même temps, elles rapportent des « coucous » propres à faire de la tisane pectorale, mais dont elles fabriquent de gros bouquets ronds en forme de pommes à lancer ; car qui vit jamais des gens de campagne enrhumés prendre de la tisane ?

Ô primevère, jeunesse de l’année ! — Maintenant que nous sommes un peu défâchés avec les gens de la botte péninsulaire, on peut bien se rappeler cette exclamation du « divin » Métastase, comme ils disent. — Ô primevère, avant-courrière du printemps qui va naître, fleur au délicat parfum, toi qui fais la joie des enfants et en un besoin guérirais les vieux tousseux, salut !

Avec toi revient le temps du carnaval, ce temps béni où la famille dispersée par les nécessités de la vie se rassemble à la maison paternelle ou autour des vieux parents ; ce temps joyeux où le pauvre oublie un instant sa misère ; où le malheureux rassasie enfin son ventre qui crie la faim toute l’année !

Les bourgeois gastrolâtres qui font chaque jour deux repas à la fourchette ; les curés à trois mentons qui prennent des franches lippées à la table de leurs ouailles riches, et festoient mensuellement les uns chez les autres, ne comprennent pas cela. Ils traitent les pauvres gens de gourmands et d’ivrognes, parce qu’ils mangent, ce jour-là, de la viande pour un an et qu’ils trinquent un peu trop