Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

solitude. Pendant deux grandes lieues il se laissa cahoter docilement aux ornières de la chaussée défoncée ; mais, soudain, rouvrant les yeux à un faux pas du vieux cheval, il aperçut en avant, sur le côté, une forme immobile.

— Je descends là, dit-il au postillon-conducteur.

La voiture s’arrêta devant l’homme, qui bougea et dit en patois :

— Vous y êtes, monsieur Daniel ?

— Oui, mon Mériol, fit de même le voyageur. Tiens, attrape la malle ?

Sans s’attarder, le postillon fouetta ses chevaux et repartit en jetant aux deux hommes cet adieu gouailleur :

— Ne vous laissez pas manger aux loups !

Ils ne lui répondirent pas, car, en ce moment, Mériol secouait la main de son jeune monsieur en lui demandant « le portage ».

— Ça va bien, merci… Et vous autres, au Désert ?

— Notre femme est toujours fière.

— Tant mieux !… Et vous n’avez pas eu les fièvres, aucun ?

— Jannic les a eues, mais pour maintenant il est santeux.

À cinquante pas du chemin, en plein fourré d’ajoncs, une bicoque s’entrevoyait, dont la porte ouverte était faiblement éclairée. En y entrant, une poignée de sa malle à la main, Daniel fut surpris de la trouver vide.

— Les Huguettou ne demeurent plus céans ? fit-il en s’approchant de l’âtre, où Mériol avait allumé un feu de brandes.

— Ils sont sous terre.