Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle ne mangea guère, la petite Sylvia. Son pauvre cœur gonflé avait besoin de s’épancher, et elle n’osait le soulager devant tous. Et Sicarie la questionnait :

— Tu as eu peur de mourir, dis ?

— Oui bien, lorsque j’avais ma tête.

— C’est-il que tu avais peur du diable ?

— Non point ! répliqua la petite, dédaigneusement ; mais je voyais que ça ferait du chagrin au maître !

Mériol et Janmic s’en étant allés au travail, la Grande reprit :

— Ah ! tu peux dire que tu as été bien soignée !… comme jamais marquise ne le fut.

— Aussi suis-je toute au maître, à cette heure et à toujours ! Tu m’es plus que père, continua-t-elle en s’adressant à Daniel. Le mien me fit pour son plaisir, sans songer à moi… Toi… tu m’as redonné la vie avec de grandes peines, et tu le faisais pour moi seule… C’est pourquoi, vois-tu, je t’appartiens corps et âme…

— Oui ! oui ! faisait le docteur, embarrassé, en tapotant sur la table la main de Sylvia.

— Hé ! dit la Grande, étonnée d’entendre parler ainsi, même naïvement, la petite. Quel âge as-tu, Sylvia ?

— J’aurai seize ans à Notre-Dame de septembre.

— Ah !