Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je ne vous connaissais pas ce cousin, remarqua l’autre, la figure renfrognée.

— Comment ! je ne vous ai jamais parlé de mon cher et aimé cousin le docteur Charbonnière, qui me sauva la vie lorsque je fus mordue par une vipère ? fit-elle malicieusement.

« Ce quidam doit être le vicomte de Bretout, se disait Daniel, de son côté, en poursuivant. Eh ! bien, vicomté à part, il est comme moi : il n’est pas beau !… »

À Saint-Michel, Daniel trouva sur la place M. de Fersac jouant aux quilles avec le curé.

— Voilà les plaisirs innocents du dimanche, docteur ! dit le gentilhomme.

Puis, après les poignées de mains échangées, il fut question du malade varioleux que Daniel venait visiter. Incidemment, le médecin déplora l’inepte obstination des gens qui refusaient de se laisser vacciner, et garder ainsi d’une maladie dangereuse.

— Pour cela, vous avez cent fois, mille fois raison, dit M. de Fersac ; ce sont des imbéciles !… Mais il y a un moyen de remédier à leur sottise. Je vais prendre un arrêté pour obliger tous ceux de ma commune à se faire vacciner. Si vous êtes libre dimanche, ils seront là : vous pourrez piquer les bras tout à votre aise !

— Je le veux bien ! répondit le docteur, enchanté d’opérer sur toute la population d’une commune.


Le dimanche suivant, tous les habitants du bourg et des villages voisins étaient convoqués ; à la sortie de la messe, M. de Fersac monta sur le piédestal de la croix de la place et harangua brièvement ses administrés.