Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/34

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les nauves d’un vallon marécageux ou grossir un étang.

En face de Daniel, un coteau chevauchait un boursouflement terrestre, avait un aspect de petite colline. Au sommet, la tour d’un ancien moulin à vent abandonné, qui avait servi de signal aux géomètres de la carte de Belleyme, se profilait sombre sur le ciel « éparé », — c’est-à-dire éclairci.

Un sentier de chèvre glissant contournait le flanc de cette éminence et, par des pentes roides, menait à la cime. Arrivé là, le jeune homme escalada lestement l’escalier demi-ruiné ; parvenu en haut, il regarda.

Tout alentour l’immense plateau de la Double s’étendait avec ses molles ondulations pareilles à des vagues et ses petits coteaux arrondis moutonnant au loin. Entre ces reliefs de l’écorce terrienne se creusaient des combes sinueuses aux déclivités douces, avec un fossé raviné au fond, et des vallons parfois resserrés, irréguliers, sortes de grands sillons collecteurs des eaux pluviales qui croupissaient aux endroits plus larges, parmi les joncs et les aches des paluds, ou bien allaient gonfler les étangs dont le trop-plein se déversait par des ruisseaux à la Drone et à l’Ille.

Sur tous ces plans variés, couverts de bois indéfinis, — hautes futaies de chênes, vieilles châtaigneraies aux dessous de fougères, taillis touffus. envahis par les ronces, les épines et séparés entre eux par des bruyères et des landes que hérissait parfois un boqueteau de pins, — de rares défrichements découpés de façon géométrique dans la forêt s’opposaient par leurs terres grises, sablonneuses, ou leurs argiles roussâtres, aux verts crus ou tendres et même