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XXXII


Au bout d’un mois, le docteur Charbonnière, guéri, sortit de l’hospice de Castillon et reprit le chemin de la Double, faible encore et triste. La douleur aiguë que lui avait causée le rapt de son enfant s’était transformée, au cours de la maladie, en une sorte de chagrin sourd, de peine chronique : il souffrait toujours de son malheur, moins vivement, mais plus profondément.

La fatigue l’obligea de coucher à Montpaon ; il n’arriva donc chez lui que le lendemain soir. Quand Sylvia le vit entrer, las, recru, pâle de tout le sang qu’on lui avait tiré, le cœur de la mère, torturé par le regret de l’enfant perdu, défaillit presque, et, tandis qu’elle murmurait : « Ô père ! père ! » ses deux bras, qu’elle lui avait jetés autour du col, se dénouèrent insensiblement. Il la soutint et s’efforça de la ranimer par de bonnes paroles, en baisant ses yeux clos. Lorsqu’elle fut un peu remise, elle l’interrogea du