Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/397

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— Je suis bien coupable envers vous, Daniel, dit-elle en essuyant ses yeux. Pour un misérable dépit d’amour-propre, j’ai été injuste, méchante et vindicative à votre égard… Je vous ai fait beaucoup de mal !…

Elle s’arrêta, un moment, émue, pendant que le docteur balbutiait doucement :

— Oh ! Minna ! vous exagérez !…

— Non, non, Daniel ! À l’approche de la mort, je vois clairement mes torts et je suis résolue à les réparer… du moins en ce qu’ils ont de réparable… Je vous ai mandé pour vous dire cela, et surtout pour vous prier de me pardonner !

Et elle joignit ses mains.

— Je le fais d’autant plus aisément, Minna, que je n’ai jamais eu de ressentiment contre vous !

— Quelle bonne et noble nature, vous êtes, Daniel ! Est-il possible que je vous aie ainsi méconnu !

Il y eut un instant de silence, pendant lequel le docteur considéra sa cousine qui avait fermé les yeux. Dans cette femme flétrie, rongée depuis des années par un mal implacable et réduite à l’état de squelette, il avait peine à reconnaître la belle jeune fille qui galopait jadis si follement.

— Vous me pardonnez, Daniel, sans savoir peut-être tout ce dont je suis coupable envers vous ; dit-elle en rouvrant les yeux. Mais, pour que votre pardon apaise un peu mes remords, il faut qu’il soit donné en pleine connaissance de cause… Sachez donc ajouta-t-elle péniblement que je suis principal auteur ou complice de tous vos malheurs…

— De tous !… s’écria-t-il en se dressant.

— Excepté du dernier, que je n’ai su qu’après, sans en connaître les auteurs, hélas !