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— Ah ! fit-elle sur un ton gros de réticences, qui semblait dire : « Les dettes en sont la cause !… »

Daniel passa l’après-dînée à méditer sur sa situation, et remit à un autre jour la visite de son moulin de Chantors. L’appréhension qu’il avait de le trouver aussi en mauvais état le retenait. Et puis, sans préciser rien, il reconnaissait qu’il faudrait beaucoup d’argent pour rétablir le bien en bonne condition de rapport ; et, d’argent, il n’en avait guère : environ trois cents francs provenant de la vente récente de cinquante brasses de bois faite par Mériol, et c’était tout. La conclusion de ses réflexions fut qu’il convenait d’attendre le résultat des démarches de M. Cherrier. Si, ses dettes payées, il lui restait quelques écus, il serait temps d’aviser.

Cette résolution prise, Daniel s’occupa de ranger un peu la bibliothèque paternelle. Il y avait là, pêle-mêle, les philosophes et les encyclopédistes du xviiie siècle : Voltaire, Rousseau, Buffon, Condillac et Mably son frère, Montesquieu, plusieurs ouvrages de Diderot, l’Esquisse de Condorcet, les Ruines de Volney, le Système de la Nature du baron d’Holbach, l’Esprit d’Helvétius, et quelques autres encore. Puis, des livres de médecine, de sciences, d’histoire et de littérature, les Mémoires de Marteilhe, une traduction de Sakountala par le citoyen Bruguière, le Mariage de Figaro, les Études de la Nature, le Dictionnaire de Bayle, l’Institution chrétienne de Calvin, une vieille bible de famille et la belle édition des Essais de Montaigne faite par mademoiselle de Gournay.

En classant les papiers contenus dans le tiroir de la table, le fils pieux trouva le manuscrit du Traité de mécanique humaine qui avait fait admettre le docteur Nathan dans la Société royale de Médecine de Paris.