Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/82

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— Et quoi donc ?

— Mon cher, c’est votre huguenoterie.

— Ma huguenoterie, comme vous dites, mon cher cousin, me fera peut-être du tort, ce dont je me console d’avance, car je n’ai jamais prétendu en tirer profit. Mais, comme elle est purement nominale et ne me gêne pas plus que leur papisme ne gêne la plupart des catholiques, je la garderai.

— Dans ces matières religieuses, toutes pleines d’incertitudes, objecta M. de Légé, suivre la religion du prince est encore le plus sûr… et le plus avantageux.

— Le plus sûr, je ne sais ; le plus avantageux, oui, je le crois, répliqua Daniel. Malherbe a dit, en effet :

Le meilleur est toujours de suivre
Le prône de notre curé…

» Mais remarquez, je vous prie, qu’avec cette maxime les premiers chrétiens seraient demeurés juifs ou païens, et que, par conséquent, nous, gens de la Double, serions encore plongés, comme disent les prédicateurs, « dans les ténèbres » du druidisme ou du paganisme gallo-romain !

— Je vois, mon cousin, dit alors Minna en riant, qu’il ne faut pas compter sur votre conversion ! Huguenot vous êtes, parpaillot vous resterez !

— Faut-il quitter une religion qu’on ne pratique pas ; pour une autre qu’on ne pratiquerait pas davantage ? repartit Daniel en riant aussi.

Sur ces paroles, ils s’arrêtèrent devant la plus apparente des quatre maisons qui formaient tout le bourg de la Jemaye : c’était le presbytère.

— Je vais vous aider à descendre, ma cousine, fit Daniel en sautant de sa monture.