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Page:Eugène Le Roy - La Damnation de Saint Guynefort.djvu/14

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confirma Guynefort dans la possession de la cure de La Noaillette. En même temps, le dit vicaire, délégua pour consacrer l’église et installer le nouveau curé, le très révérend dom Jacques de Glenadel abbé de Tourtoirac.

De Périgueux, Guynefort revint à Joffrenie où il ne fit que coucher. Le lendemain il repartit pour se mettre en quête d’une prêtresse, afin de tenir la sienne promesse faite aux bonnes gens de La Noaillette.

Quelques jours plus tard, l’avant-veille de son installation, il revint, amenant avec lui une sacristine jeunette et brave à plaisir.

Où ce mâtin de Guynefort avait-il été dénicher ce gentil oiseau ? En bas Limosin pour sûr, car jamais plus coquet barbichet ne coiffa plus mignonne créature, d’Ayen à Ségur ! Bien faite de corps, la jambe fine comme toute bonne limosine, des cheveux dorés, une bouche rose qui laissait voir de jolies petites quenottes blanches, et des yeux rieurs couleur de coque d’aveline, telle était Nicolette. Avec ça un air fripon, et une démarche gracieuse, qui balançait derrière elle sa courte jupe de futaine à grain d’orge.

En notre temps sans foi, des impies comme vous ou moi, eussent trouvé à gloser sur cette gente marguillière. Ainsi ne firent pas les paroissiens de La Noaillette ; ils furent enchantés au contraire, et complimentèrent Guynefort d’avoir recruté une aussi mignarde créature. Le jaloux Mondissou lui-même se déclara satisfait :

— Avec cette prêtresse — dit-il, — notre curé ne sera pas induit en tentation de courir après les poules et poulettes de la paroisse.

Quoique cette assertion fut sujette à interprétation, à cause de la nature de l’homme, — je ne parle pas de la femme ! — qui facilement va