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Page:Eugène Le Roy - La Damnation de Saint Guynefort.djvu/2

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La Damnation de Saint Guynefort



Amicalement dédié à Paul Paulhiac.


Vous autres ne connaissez pas La Noaillette… ? je n’en suis point autrement étonné. C’est un petit village de sept ou huit maisons, jadis lieu principal d’une paroisse de trente feux environ, aujourd’hui réunie à celle de Saint-Agnan-d’Hautefort, au pays de Périgord. La chétive église bâtie de pierres de grès rouge, effritées par le temps, où on dit encore la messe le jour de la fête votive, est toujours surmontée de son clocher en pigeonnier, dont un marguillier bénévole s’entête à brandir la cloche chaque jour, aux heures rituelles de l’Angélus. Sous le pavé de larges dalles, creusées par les sabots de nombreuses générations, sont entassées pêle-mêle, dans les anciennes sépultures de familles disparues, des charretées d’ossements qui attendent pour se débrouiller, la venue de l’ange qui doit sonner la diane du Jugement dernier.

Et, précisément, c’est à propos d’une concession de tombeau près de l’autel de saint Guynefort, trouvée dans les minutes d’un notaire du dix-septième siècle, que j’ai fait connaissance avec ce saint.

J’ai d’abord cru à l’identité de ce caporal de la troupe céleste, avec le patron de la paroisse de Villeneuve-de-Dombes. J’y ai cru d’autant plus, que saint Guinefort de Villeneuve a la spécialité de guérir les maladies infantiles, et qu’à La Noaillette il existe, dans le cimetière, une fontaine où l’on va plonger, — « saucer », comme on dit au pays, — les enfants malades. Mais j’ai vite reconnu qu’une similitude de nom m’induisait en erreur, Saint Guynefort de La Noaillette n’est pas le même que celui de Ville-