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Page:Eugène Le Roy - La Damnation de Saint Guynefort.djvu/24

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pour le prier de jeter le dimanche venant, le premier ban de sa fille qui se voulait mettre la corde au col, — comme il dit, — c’est-à-dire se marier.

— Avant toute chose, — dit l’hospitalier Guynefort tout guilleret de la petite exécution qu’il venait de faire, — avant toute chose il convient de souper ; ajoute une écuelle, Nicolette : compère du Prat, sieds toi là.

Ayant mangé une bonne assiettée de soupe grasse et fait ainsi que son hôte un fort chabrol périgordin, qui est à dire, l’assiette rase de vin à faire noyer un caneton, le curé prit en sa mémoire les noms de la promise et du futur, puis se mit à trancher une géline dont le ventre était plein d’une farce à l’œuf.

Sur la fin du souper, le vieux du Prat enhardi par la bonté du curé, et sans doute aussi par son vin, lui exposa son embarras.

Il n’avait qu’une toute petite maisonnette où il n’était pas bonnement possible de faire tabler deux douzaines de cousins et amis conviés à la noce ; joint à ça, qu’il n’avait pas les gages nécessaires, plats, assiettes, cuillers, gobelets, pour tout ce monde…

— Nicolette te prêtera tout ça, — interrompit Guynefort.

— En bien vous remerciant, notre monsieur le curé ; mais c’est aussi la place qui manque…

— Alors, moi je te prêterai ma grande salle presbytérale, de l’autre côté.

Le vieux se confondit en remerciements, et s’en fut bien repu, bien ouillé, et content comme un pinson.