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Page:Eugène Le Roy - La Damnation de Saint Guynefort.djvu/37

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ont raccolé quelque croque-notes pour monter un orchestre, et ils les font répéter.

En ce moment la porte s’ouvrit, et dans des flots de lumière, Guynefort aperçut d’immenses rangées de personnages, coiffés d’une auréole, vêtus d’habits resplendissants et assis sur des fauteuils dorés, qui bâillaient à se décrocher la mâchoire.

— Que d’évêques ! — s’écria-t-il.

— Des évêques ? — fit le petit chérubin avec un sourire ; — nous n’en avons pas tant que vous diriez bien !

Cependant, saint Pierre, car c’était lui qui avait ouvert la porte, la referma et vint droit au guichet :

— Qui êtes-vous ? demanda-t-il d’un air rébarbatif.

— Pierre Guynefort, quoique indigne, curé de La Noaillette au pays de Périgord.

— Et vous voulez entrer… comme tous les autres, sans doute ?

— Oui, si c’était possible.

— Qu’avez-vous fait pour ça ?

— Saint patron, je vous ai fait dédier l’église de La Noaillette, et j’ai mis votre culte en grand honneur dans tout le pays, au moyen d’une maille de la chaîne dont vous fûtes chargé par l’ordre du méchant roi Hérode……

— Tu es un farceur, mon bon, — interrompit saint Pierre en fronçant ses sourcils touffus ; — le roi ne me fit oncques mettre en une geôle.

— Pourtant, c’est dit dans les Actes des apôtres……

— Luc rêvait lorsqu’il écrivit ça ! Petit Kiriel, — ajouta le portier des cieux en s’adressant à un des angelots, — descends-moi le grand-livre du Périgord où se trouve cette fameuse paroisse de La Noaillette.

Le petit scribe battit des ailes et s’éleva jusqu’au plus haut rayon où il prit un gros registre