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Page:Eugène Le Roy - La Damnation de Saint Guynefort.djvu/6

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noble sise entre La Noaillette et Hautefort, appelée de son nom : Joffrenie.

— Il y a foison de cordages pour les engins de guerre, au chastel d’Hautefort, — dit ce personnage lorsqu’on lui eut expliqué la chose ; — je vais en faire demander au seigneur Aymar.

L’honnête écuyer ayant su des maçons que l’étranger pérégrin avait donné le plan du tant industrieux engin, l’emmena chez lui, et, chemin faisant, apprit avec intérêt que son nom était Guynefort, qu’il était clerc, revêtu de la prêtrise, — quoique indigne, — et revenait de la terre sainte, ayant traversé beaucoup d’étranges pays et vu quantité de choses extraordinaires.

Convié à souper à Joffrenie, le pèlerin émerveilla ses hôtes par le récit de ses mirifiques aventures. La damoiselle Sybille, maîtresse du logis, buvait les paroles du saint homme qui s’était agenouillé au tombeau du Christ, et avait rapporté de Jérusalem une maille de la cadène dont Simon Barjone, dit : saint Pierre, avait été chargé par le commandement du vilain roi Hérode, comme il est écrit au chapitre XII des Actes des apôtres.

— Et cette maille… vous l’avez ? — demanda-t-elle d’une voix tremblante d’émotion.

— Elle est là, — répondit Guynefort, en posant la main au-dessous de son teton droit, dans la position de : l’arme au bras.

— Vous plairait-il nous la montrer ?

— En votre considération, très volontiers.

Et le pèlerin tira d’une des nombreuses poches de dessous sa robe, un paquet plié d’une grossière étoffe de poil de chèvre. Cette première enveloppe défaite, en laissa voir une seconde de laine rayée. Sous celle-ci se montra une troisième couverture de velours bleu. À mesure que le pèlerin développait précieuse-