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Page:Eugène Le Roy - La Damnation de Saint Guynefort.djvu/7

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ment le paquet, la figure des deux époux prenait une expression respectueusement émue. Enfin, lorsqu’il défit le tabis écarlate qui recélait la vénérée maille et la montra à ses hôtes, ceux-ci se mirent à genoux.

Père, mère, enfants et serviteurs appelés, baisèrent pieusement la sainte relique présentée par le pèlerin, qui la réintégra ensuite dans ses multiples enveloppes, et, finalement, dans sa poche secrète.

Ensuite, Guynefort raconta par quelle suite de circonstances extraordinaires le précieux chaînon était venu en sa possession. Il avait été obligé de feindre d’apostasier, et de judaïser un petit, pour capter la confiance du riche marchand qui le gardait comme un talisman de famille, transmis de génération en génération, depuis le geôlier de la prison où avait été bouclé Pierre…

Jésus ! faisaient ces braves gens, en oyant les contes sans fin de l’imaginatif pèlerin.

Enfin, Guynefort avoua qu’il avait dû finir par voler subtilement la sainte relique, pour ne pas la laisser es-mains d’un méchant bourreau de Notre-Seigneur. Il s’était confessé de ce pieux larcin ; néanmoins, sa conscience le lui reprochait quelquefois…

— Oh ! — protestèrent tous les assistants.

— Oncques ne fîtes action plus méritoire ! — dit l’écuyer Joffre.

Vers neuf heures du soir, après avoir mangé en guise de marrons, des châtaignes « camberones » arrosées du petit vin gris du crû, tout le monde alla se coucher, y compris le pèlerin qui accepta sans trop se faire prier ce supplément d’hospitalité.

Au milieu de la nuit, le bon gentilhomme et sa noble épouse, furent réveillés par un bruit étrange qui partait de la chambre voisine, où