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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/12

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« l’auteur » est absent, il semble que le livre se soit fait tout seul, soit venu de lui-même.

Quand je lus dans l’Avenir de la Dordogne les premiers feuilletons, je fus pris d’emblée au charme, absolument nouveau, d’une naïveté d’exécution sans analogue dans mes souvenirs. Le récit se déroulait si simplement à travers les villages, les champs, les landes et les bois, qu’on eût juré l’histoire du meunier écrite par le farinier en personne. Rien de prémédité, d’agencé : le Périgord comme il est et les Périgourdins comme ils sont, voilà tout. Oui, c’est bien le meunier qui raconte au jour le jour la vie de sa famille et celle de ses voisins, qui nous dit bonnement leurs idées, leurs peines, leurs gaietés, au fur et à mesure que tels ou tels incidents les déterminent, sans qu’il tente jamais de combiner ces incidents pour en tirer un effet ou une situation. Et cependant, quel intérêt elles éveillent, ces existences tout unies, où les surprises et l’extraordinaire n’ont point de place ! Quel attrait dans ces tableaux du monotone train-train rural !

On pourrait dire que, par là, le Moulin du Frau est un tour de force, si l’effort se trahissait en quelque endroit. Mais non. Si nous sommes conquis dès le début et gardés jusqu’au bout, cela tient avant tout à l’entière sincérité du narrateur, à ce qu’il a vécu son sujet :