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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/150

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IV


En ce temps-là, sur la fin de l’année 1848, on commençait à parler de l’élection du président de la République, et nous connûmes que Louis-Napoléon serait nommé grandement, si ça allait partout comme chez nous. Nous recevions la Ruche, de Ribérac, qui portait Ledru-Rollin, mais ça ne prenait pas. Mon oncle avait beau faire passer le journal, distribuer des papiers et raisonner nos voisins les paysans comme nous, c’était à rien faire.

Ledru-Rollin, qu’est-ce que c’était ? un civil, et puis ? Ah ! quand on parlait du grand Napoléon qui avait fait massacrer un million d’hommes et ruiné la France, pour en fin de compte, la laisser plus petite que sous la République, à la bonne heure ! C’est ainsi que le pauvre peuple ignorant, adore ceux qui le ruinent, qui lui prennent son argent et ses fils, et le saignent à blanc.

Le neveu du grand empereur, par ma foi, c’était bien autre chose que Cavaignac, ou Ledru-Rollin, ou Lamartine !

Et puis, il y avait tant de gens qui cherchaient à tromper le peuple, qu’il était rare de trouver hors